Dans un avion en France, avant le départ vers le Japon.
Le regard couvert par un voile de mélancolie et embué de larmes, c’est ainsi qu’elle regarda par le hublot à côté de son siège. Les derniers instants qu’elle parcourait du regard sa terre natale, du moins pendant une année scolaire avant de retourner voir ses parents. Enfin, si seulement elle avait les moyens. Constance allait sans doute devoir travailler en dehors de l'Académie si elle voulait réussir à obtenir des billets pour revoir ses tendres géniteurs. Elle s’était battue pour avoir cette bourse et l’idée de rater ses études alors que de nombreux sacrifices avaient dû être fait ne lui traversait même pas l’esprit.
Puis… Elle repensa. A toutes ces années, de sa tendre enfance dans un petit appartement qui convenait tout juste aux maigres revenus de ses parents. Ceux-ci n’avaient pas des métiers très glorieux -caissière et ouvrier- mais il fallait de tout dans ce monde, n’est-ce pas ? Dès ses quatorze ans, Constance était la fierté et l’inquiétude de ses parents à la fois, allait-elle réussir seule alors qu’ouvrir la bouche lui semblait si compliqué ?
Elle laissa finalement retomber ses bras sur ses genoux, n’insistant guère sur le passé. Cependant, son questionnement se tourna vers son futur : comment allaient être ses camarades ? Seront-ils différents à cause du fait qu’elle soit une élève boursière, en plus d’être étrangère ?
En effet, très tôt la gamine se tourna vers les livres pour combler le vide bien présent de relations. Celles-ci se résumaient souvent à d’autres enfants qui souhaitaient user à mauvais escient son talent scolaire et sa naïve gentillesse pour réussir à différents examens.
Elle n'eût jamais de réels amis et en étant fille unique, les relations avec l'autre s'avérèrent des plus compliquées. Parmi ses plus grandes résolutions, réussir à entretenir de réels discussions demeurait celle la plus évidente à aboutir.
Un regard furtif vers sa droite pour observer son voisin qui mâchait bruyamment un chewing-gum puis une simple phrase lui traversa la tête, au moment où l'avion décollait.
C'est parti.