Quelle belle lune ce soir, pleine et lumineuse. Elle et son choeur d'étoiles éclairaient le jeune homme qui marchait dans la pénombre. Il se déplaçait avec un pas paresseux, semblant vouloir profiter de chaque pas qu'il faisait, de chaque bouffée d'air frais, du doux vent frais de soirée. Les mains dans les poches, il marchait le long de l'eau, le regard lointain, appréciant ce calme et ce silence, cet instant avec lui-même.

Il avait fermé plus tôt son auberge ce soir-là, ça lui arrivait parfois, sur un simple coup de tête. Et pourquoi il fermait? Simplement pour marcher, partir seul avec ses pensées, c'était comme une thérapie pour lui. Sans réel but, il marchait ainsi, à chaque fois dans une partie différente de la capitale japonaise. Parfois il ne se rendait compte qu'il avait marcher toute la nuit durant seulement quand les premières lueurs du soleil venaient chatouiller son visage. Parfois Dorian semblait presque en dehors du concept du temps, quand il était pris dans ses rêveries, les heures passaient comme des minutes.

Après quelques longs moments de marche, il s'arrêta près de l'eau et vint poser les yeux sur son reflet. À chaque fois, il croyait voir celui qu'il était il y a quelques années. Un peu plus jeune et plus flamboyant, le visage d'un homme qui voulait protéger le monde entier. L'aubergiste fini par ramasser une pierre au sol, et la jeta avec nonchalance sur la surface de l'eau, la faisant rebondir gracieusement jusqu'à ce qu'elle ne coule finalement. Les ondulations vinrent lentement brouiller son image, et laissa réapparaître le reflet de qui il était maintenant aujourd'hui. Dorian resta pensif, immobile durant de longues minutes, puis il fini par hausser les épaules pour lui-même et prit une autre pierre dans ses mains avant de se remettre à marcher. Il balança le caillou derrière lui sans daigner tourner la tête, et il sentit son tatouage à son omoplate se réchauffer quelque peu. La petite roche alla rebondir sur la branche d'un arbre non-loin derrière, avant de tomber sur une seconde branche puis enfin dans l'ouverture d'une poubelle.

- Au moins la chance est avec moi ce soir, c'est bon à savoir...

Enfin du calme. Cette journée était l'une des plus éprouvantes depuis quelques temps, en effet aujourd'hui l'Inukaï était partie en mission avec son nouveau compagnon Shannon et un groupe expérimenté de soldats. Une simple traque de yaseis ? Non bien plus, un véritable de bain de sang ... qui avait pour but l'anéantissement d'une meute de monstres sanguinaires. Pas mal de personnes avaient péris au cours de ce combat, même si Lyna avait l'habitude d'avoir toujours la mort près d'elle c'était toujours désagréable de tenir un échec aussi cuisant au niveau des morts. Il ne fallait pas oublier que derrière chaque décès se cachait une famille et des amis ...

Un coup de blues ? Sûrement ! C'est pour ça que la jeune femme prit la décision de faire un tour dans le jolie monde des humains. Mais avant de se décider à choisir un lieue, elle prit le soin de troquer ses cheveux roses pour quelque chose de plus discret : du bleue clair. Ses queues touffus devinrent également bleu ainsi que sa tunique. (TENUE)
Fin prête elle se dirigea vers la baie de Shibasaki. Cette place était un endroit magnifique et calme où peu de personnes se rendaient le soir par peur de se perdre tellement le littorale était immense.

Malheureusement quelque chose avait échappée à la renarde, aujourd'hui c'était le 14 Février. Une fête des humains où l'on célébrait l'amour. C'était bel et bien la Saint Valentin. Lyna n'avait cessée de croisés des couples batifolants entre eux comme des colombes, c'était trop pour la jeune femme qui subissait une pression continue de la part de son paternel pour se marier avec des hommes de nobles clans. Le problème était que Lyna avait beau être une femme magnifique, son caractère rebelle posait souvent problèmes.

S'étant réfugiée au bord de la plage, son regard triste était plongé dans le ciel pour admirer les étoiles qui brillaient de mille feux tandis que ses jambes se laissaient bercer par le rythme doux des vagues de la mer. Rêvassant comme jamais la Renarde ne fit pas attention à l'homme qui passa tout près d'elle et qui semblait marmonner quelque chose ...

Le jeune aubergiste continuait de mettre un pied devant l'autre, soupirant à lui-même et frottant ses yeux sous ses petites lunettes. C'est alors qu'il s'arrêta lentement, observant une jolie couleur azur du coin de l'oeil. Était-il vraiment si absorbé par ses propres pensées qu'il n'avait même pas remarquer une jeune fille aux longues queues de renard d'un bleu de saphir? On dirait bien que si. Il était aller bien trop loin dans cet endroit reculé de son esprit pour se rendre compte d'une chose aussi évidente

Il ne tarda pas à l'examiner un peu, pas de manière malsaine, mais il trouvait toujours intéressant de poser les yeux sur quelqu'un qui venait vraisemblablement de Momo. Ils étaient tous différents, tous exotiques à leurs manières, et il ne les regardait sans l'ombre d'un dédain. Et celle-ci était... Et bien, sans meilleur mot, magnifique pour les yeux. Le Nightingale voyait qu'elle aussi semblait plongée dans ses pensées, et l'eau calme de la baie faisait ballotter ses pieds. Après que l'aubergiste ait prit ses lunettes pour les essuyer un peu, un tique qu'il avait quand il remettait ses idées en place, il éleva finalement la parole, qui vint doucement soulever le silence qui régnait.

- Tu ne risques pas d'attraper froid?

Ces simples mots furent la première chose qui lui vint à l'esprit, car oui il y avait une certaine brise fraîche, et l'eau ne devait pas être bien chaude non plus. Dorian resta là, debout et les mains dans les poches, les pans de son manteau de cuir remuant allègrement sous la douceur du vent. L'ex-exorciste-maintenant-aubergiste se dit qu'il pouvait bien prendre une pause de ses marches silencieuses pour échanger quelques mots.

Ce ne fut que quelques minutes plus tard que la Renarde avait senti la présence d'un homme derrière elle, la libérant de ses sombres pensés.Sa pression spirituelle n'était pas très élevée alors elle ne prit même pas le soin de se retourner pour se défendre en cas de menace. Avec le temps, Lyna avait pris l'habitude de jauger la pression spirituelle des personnes près d'elle, plutôt utile en cas d'agression. Laissant tomber ses cheveux ondulés le long de son dos après les avoir détacher, elle poussa un long soupir avant de se lever doucement. Peut être que l'inconnu allait lui changer les idées en se montrant intéressant ou peut être qu'il allait simplement continuer sa balade nocturne sans se préoccuper d'une démonne dépressive ? Seul le destin pouvait le démontrer ...

Alors qu'elle était désormais en train de marcher gracieusement sur le sable fin engloutît par l'eau de mer, l'homme avait fort heureusement élevé la parole. Sa voix ni trop grave ni trop aigüe avait balayer le silence qui devenait gênant. Ne voulant pas lui laisser penser qu'elle était complètement dérangée, elle se retourna pour lui répondre avec une voix amusée et un petit sourire.

- Comment le froid peut envahir une personne au coeur de glace comme moi ?

L'homme allait il la trouver bizarre suite à cette parole lugubre ? La jeune femme espérait le contraire car pour l'instant il était la seule distraction de sa soirée.

L'aubergiste regardait la créature qui marchait lentement devant lui sur le sable de la bain, la seule chose qui brisait le silence était le son de ses pas. Il arqua un sourcil quand celle-ci se retourna finalement, un peu désarçonner par le joli minois de celle-ci, même s'il ne le fit pas paraître. Il fut d'autant plus surpris par les mots qui s'échappèrent de ses lèvres et il pencha lentement la tête vers la gauche, l'air de réfléchir à la question de la renarde. Cette jeune femme se voyait avec un coeur de glace? Une chose cruelle, comme une rose dotée de longues épines empoisonnées qui vous couperaient littéralement le souffle après l'avoir seulement touché? Le Nightingale fini par poser sa main sous son menton, le frottant quelque peu.

- C'est une très bonne question, mais le rhume se moque pas mal que ses victimes aient un coeur chaleureux comme un couché de soleil, ou glacé comme le vent d'hiver.

Dorian fini par s'asseoir en tailleur sur le bord du sable, toujours ses yeux fixés sur la charmante renarde, une petite brise soufflant quelques mèches de ses cheveux sur son visage. La conversation pouvait durait un peu plus longtemps, non? Ce n'est pas comme s'il était pressé ou quoi que ce soit. Il afficha un petit sourire serein à l'intention de son interlocutrice.

- Quand même unique de trouver quelqu'un d'autre qui soit seul ce soir, surtout ici. Dorian Nightingale, enchanté mademoiselle. Finit-il par dire avec son attitude d'aubergiste serviable, gardant les mains jointes devant lui.

C'est déjà un bon point, je ne l'avais aucunement effrayé. Peut être légèrement brusqué mais il était toujours là, près de moi et n'avais pas prit la fuite comme un lâche. Un air interrogateur se lisait sur son visage mais cela ne me choquait pas. Après tout ce que je venais de dire n'était pas ordinaire, il était normal d'avoir ce genre de réaction. Quelques soupirs s'échappèrent de ma bouche, cette journée ne pouvait être en aucun cas joyeuse. Je n'avais pas envie de séduire ce garçon, j'allais pouvoir être moi même tant pis si il allait se confronter à mes pics les plus ardents les uns que les autres, je ne voulais plus faire d'efforts, je n'avais plus le pouvoir de faire d'efforts ...

Cette scène tournait en boucle dans ma tête, je revoyais tous les moments de cette bataille tragique. Les morts, ils me fixaient tous. Je n'était pourtant pas la cause de leurs morts mais je me sentais responsables de cet incident. Je n'arrivais pas à m'effacer ces images de la tête si bien que j'étais restée deux bonnes minutes à fixer le vide, laissant mon interlocuteur face à un corps sans âme. Peu à peu je revins à moi grâce au bruit soudain d'un oiseau nocturne. Par chance j'avais constatais que l'homme n'avait pas remarqué que mon esprit était occupé ailleurs.

- Et comme le destin qui se moque pas mal des morts qu'ils emportent ... complétais-je d'un air abattu, apportant mon visage à mes doigts fins pour les réchauffer en soufflant dessus.

Mon humeur maussade ne l'aidait sûrement pas à me faire la conversation. Je devais tout de même lutter pour ne pas le faire fuir, il allait peut être me changer les idées et j'en avais plus que besoin avec tout ce qui était arrivé aujourd'hui. Secouant ma tête comme pour me réveiller, je m'étais assise à côté de lui pour arriver enfin à avoir une discussion complète avec ce jeune homme.

- Un charmant cadre pour une rencontre digne de ce nom, enchanté Mr Nightingale ...moi c'est Lyna Inu... juste Lyna. déclarais-je en tentant d'être le plus sincère possible.
.
Je n'avais pas précisée mon nom pour l'unique et bonne raison qu'il en allait pas avoir besoin. Après tout il allait s'intéresser à moi et pas à ma famille. Oui à moi et uniquement à moi, il allait vivre pour moi désormais. Horrible et Égoïste allaient être les deux mots qui me caractériseront le mieux à cet instant mais qu'importe ... je ne voulais plus y penser. Caressant son visage d'abord avec un air triste, mon regard s'assombrit en le saisissant subitement avec mes griffes mais le bruit de pas d'un couple vint directement interrompre l'utilisation de mon don démoniaque. Le Destin ? Cette notion que les humains avaient inventés, ce terme qui avait prit la vie de mes camarades venait de sauver celle de cet homme ...

- Pardonne moi Humain ... lui soufflais-je en m'écartant légèrement.

Patient tel les saisons, le Nightingale observait toujours la jeune fille originaire de Momo, elle qui restait silencieuse et inébranlable. Elle devait avoir les pensées qui se chamboulaient, les unes par-dessus les autres. Le jeune homme se posait quelques questions qu'il n'aurait osé dire à voix haute à une nouvelle connaissance. Il savait bien mieux que la plupart des choses que certaines questions ne se posaient pas, les réponses pouvant être autant souffrantes pour celui qui pose la question et celle qui la reçoit. Au moment où l'aubergiste allait élever une nouvelle fois la voix, celle de la renarde revint meubler le silence du soir, et avec celle-ci une bourrasque d'émotion. Dorian ferma les yeux, comme si les paroles avaient été un coup violent, et il revoyait la même scène d'il y a 5 ans, au détail près, comme si tout s'était passé ce matin-même. Le sang, les flammes, la douleur, le regard vide de ceux qui perdent le souffle de la vie. La douleur cuisante de l'échec, l'échec d'une vie. Il avait bien trop perdu durant ces dernières années. C'est de ta faute, et seulement de ta...

L'ex-exorciste rouvrit lentement les yeux lorsque la voix de son interlocutrice se fit plus proche, il n'avait même pas remarqué qu'elle était maintenant assise près de lui. Comme pour laver les dernières images de son esprit, il passa ses mains sur son visage, avant de le tourner vers celle qui s'appelait Lyna. C'était réellement un joli décor pour une rencontre, la nuit apportait l'éclairage de sa lune et le rideau de son ciel noir étoilé.

Encore une fois, sa parole fut couper court lorsque la renarde vint caresser sa joue avec ses doigts fins et doux. Il en a eu presque le souffle coupé par la surprise du geste, et un nouveau flot de questions se déversa dans la tête du Nightingale. Un flot coupé sec par la pointe de griffes sur sa joue. Aussi, sans qu'il n'aie eu le temps de réagir, le tatouage de son omoplate se réchauffa vivement, tel une brûlure, et les pas d'un couple se firent entendre doucement. Deux jeunes gens qui passaient par-là, et ce n'est qu'à la suite de cela que la renarde relâcha son visage. L'aubergiste ne savait pas trop comment prendre ce qui venait de se passer. La chance venait encore de le sauver? Cette Momomajin... Le jeune homme posa ses doigts là où il avait sentit quelques secondes plutôt des griffes acérées.

- Le destin... Il prend certaines personnes et en protège d'autres, sans raison apparente... Une force irrésistible et cruelle. Un peu comme celle assise près de moi ce soir. Et moi, simple humain, que puis-je y faire?. Lâcha-t-il avec un air aussi triste que celui qu'il avait perçu chez la renarde quelques secondes plus tôt.

Mon dieu mais qu'est ce qu'il fait encore là, assis près de moi ? N'a t'il pas prit conscience que j'étais quelqu'un de dangereux ? Mais quel genre de personne cet homme est ?! J'étais à deux doigt de l'embrasser pour lui faire faire tous ce que je souhaitais et lui là seule chose qu'il trouvait à faire c'était de me balancer une phrase philosophique et de rester là tout juste à côté de moi ... cependant malgré toute ma colère que j'avais en moi, il avait raison. Ce qu'il venait de dire était tout juste et même le compliment qu'il avait glissé ce qui me fit rire aux bordes des larmes.

C'est bon la fille psychopathe aux humeurs bipolaires, je n'étais qu'un déchet à ce moment là. Mais quelles genre de fille doit il s'imaginer en me voyant là si pitoyable ... je n'avais jamais l'habitude de me lâcher comme ça et surtout moins devant un inconnu. Je haïssais ce moment du plus profond de moi même, je détestais mon comportement qui m'écoeurait, cette journée était véritablement un ramassis d'événements détestables, un calvaire atroce, un véritable enfer !

L'apparence d'une jolie fille pure et innocente contrastait véritablement avec ce comportement vulgaire et indécent. Je m'étais calmée en me griffant le bras comme pas possible pour me retenir. Je m'étais même entaillée toute seule, qu'est ce que j'étais débile. Après la réflexion au bord de la plage, la rencontre d'un inconnu, l'envie de meurtre de ce même inconnu, un fou rire je laissais place à des larmes qui coulaient le long de mes joues. J'éclatais en sanglot dans un silence absolue, une fois de plus j'étais misérable et étrange. Je m'en voulais d'être dans cet état dès plus bizarres face à cet homme. Lui qui restait comme ça sans rien faire, sa simple présence m'était comme un fardeau insurmontable mais à la fois comme la lumière que l'on aperçoit au bout d'un tunnel sombre et sans fin.

Je voulais me calmer à tous prix, redevenir moi même et ne plus penser à cette journée maudite ...

Eh bien, qu'as-tu fait encore? C'était les mots qui lui vinrent à l'esprit alors qu'il voyait la jeune renarde devant lui. Au début, Dorian pensait que celle-ci se moquait simplement de lui, et n'en fit rien. Ce n'était pas la première fois, et ça ne serait sûrement pas la dernière. Mais son attitude changea quand il la vit s'entailler le bras à coup de griffes, pour finalement se mettre à sangloter. Le Nightingale se demandait bien ce qu'il a pu dire ou faire pour voir un tel spectacle qui lui fendait terriblement le coeur.

Le jeune aubergiste était rempli d'hésitation. Qu'était la meilleure chose à faire? S'en aller simplement sans demander son reste? Essayer de la consoler? Lui offrir quelque chose à boire ou même un repas? Dire une blague pour détendre l'atmosphère? Puis, soudainement, toutes ses questions se sont tuent. Il savait ce qu'il avait devant lui. Il avait l'impression de se voir, durant cette journée fatidique d'il y a quelques années. La douleur d'une âme perdue, qui se sent impuissante face aux événements qui se sont déchaînés la veille. Le destin qui se moque des morts... Cette phrase est revenu le frapper une nouvelle fois. Oui, c'était la même chose qu'il avait ressenti à cette époque. Maudire l'inéluctabilité. Maudire le fait qu'on ne peut rien y faire quand le destin décide de prendre ceux qui nous sont chers.

C'est en réprimant le plus grand flot de ses émotions que Dorian leva lentement sa main. Une main pleine d'hésitation, qu'il fini par poser sur l'épaule de la renarde.

- Je... Je ne te connais pas. Je n'ai pas la moindre idée de ce que tu as vécu. Mais... Pour avoir déjà vécu dans le chagrin... Hmpf... Tu as sûrement beaucoup de responsabilité, beaucoup de choses sur la conscience, du poids sur les épaules... Alors, il ne faut pas que tu portes en plus le poids des disparus. Si le destin en est ainsi... Il en est ainsi, et on ne peut pas le changer. Si l'on transporte le poids des morts, on fini par être écrasé, et on peut finir par sombrer nous aussi.

Chagrinée comme jamais, je ne pensais pas recevoir du réconfort après avoir eut une envie de meurtre envers cet humain. Ces humains ... pourquoi étaient-ils aussi naïfs ? J'aurais très bien pu mettre fin à sa vie et lui la seule chose qui le préoccupe pendant ce temps c'est mon état. Je ne savais même pas pourquoi j'étais triste après tout. Ce n'était que de simples soldats qui allaient mourir tôt ou tard au combat et même si ils étaient sous mes ordres, je ne les connaissais même pas ni eux ni leurs noms. Alors pourquoi j'étais sous l'emprise d'une douleur indescriptible qui me faisait souffrir comme une blessure. Rien ne me fatiguait plus que ce moment, j'étais faible mais je devais assumer. Assumer leurs morts pour avoir enfin la conscience tranquille, oui je devais le faire.

Tout d'un coup la dernière chose à laquelle j'avais pensé ce produisait, l'homme était bel et bien venu pour tenter de me faire passer le cap que je n'arrivais décidément pas à combattre. Sa main chaude et réconfortante était venue se loger au sein de mon épaule. Une flamme venait de se ravive en moi au même instant où il venait de prononcer ses paroles. Cet homme avait du sans aucun doute vivre la même chose que moi pour pouvoir parler de ce sujet avec tant de sagesses. Il avait complètement raison et la seule chose qui me restait à faire était d'accepter le destin. Une notion injuste oui mais inévitable.

Je fermais les yeux quelques minutes comme pour symboliser " la renaissance " qui s'était produite en moi. Après quelques instants je les rouvris pleins de confiances malgré la teinte de tristesse qui se luisait dans mon regard. Ma main se posa sur celle de l'homme et je levais enfin la tête avec un sourire triste mais bel et bien déterminé.

- ...Merci Dorian... l'homme sage lui avais-je déclaré pour la première fois en prononçant son prénom avec un ton gentillet.

Me levant ensuite, j'essuyais mes dernières larmes qui coulaient le long de mes joues. Il était rester là pour moi alors je devais bien l'honorer en apprenant à le connaître un petit peu plus.

- Au faite .. que fais tu seul en ce jour de fête pour vous humains ? lui demandais-je pour passer à autres choses.

Au final, le jeune aubergiste avait dû trouver les bons mots pour tirer la femme-renarde de sa torpeur. Eh bien, tu as encore le chic pour faire sourire les gens, Dorian. Il ne pu s'empêcher de répondre au sourire de Lyna avec le sien, un sourire bienveillant avec un zeste d'amertume. S.il pouvait faire une bonne action avant d'aller dormir ce soir, tant mieux.

Le Nightingale savait bien que la douleur d'une perte ne disparaîtrait pas avec de simples mots, en fait elle ne partirait sans doute jamais, mais ils apportent un certain réconfort éphémère, un baume sur les plaies. En gardant son sourire, il regarda la renarde se lever et enfin balayer les larmes qui perlaient sur ses joues. C'était un spectacle pour lequel il était bien chanceux d'assister, la renaissance de la détermination. L'aubergiste se releva quelques secondes après lui aussi, balayant un peu la poussière de son pantalon. Jour de fête?... Oh c'est bien vrai, c'était cette journée-là. Ce qui expliquait les multiples couples et qui se baladaient dans les parages bras-dessus bras-dessous. Dorian avait perdu le fil du temps, cela faisait déjà presque deux mois que la nouvelle année avait commencée.

- Eh bien, pour tout dire... J'avais complètement oublié que c'était la Saint-Valentin. Fit-il en passant une main dans ses cheveux d'ébène. Et je n'avais pas de partenaire pour qui acheter du chocolat de toute façon... Il lâcha un petit rire après cette dernière phrase. Et toi? Est-ce parce que tu n'es pas intéressée par les fêtes humaines que tu n'as pas un chevalier servant avec toi?

Le jeune homme enfila ses mains dans ses poches en gardant son air aimable, une conversation avec cette charmante nouvelle connaissance ne pouvait que lui faire du bien, et puis, il passerait réellement la Saint-Valentin en compagnie d'une dame. Les dernières fois remontaient à son temps à l'Académie, où il avait tenté sa chance avec plusieurs jolies demoiselles, des escapades qui ne duraient jamais bien longtemps, malheureusement.

Tel un phénix, je venais de revivre une deuxième fois. Ce n'était pas la première fois que je perdais des camarades au combat et ce ne serait sûrement pas la dernière alors je devais apprendre à surmonter les aléas de la vie d'une guerrière parce que oui j'étais une guerrière et j'étais également fière de l'être. Cet homme qui se tenait près de moi dégageait un certain charisme accompagné d'une touche de sagesse. Il n'était ni méchant mais je ne le connaissais pas assez pour le qualifier de gentil cependant le fait était bel et bien là. Il était resté près de moi et avait réussi à me convaincre de ne me pas me laisser abattre alors quelque part je lui en devais bien une.

Préférant me reconcentrer sur le sujet de la nouvelle conversation, je me tournais vers lui avec un sourire narquois. Lyna Inukaï était de retour avec ses bons côtés et ses tords.

- Et bien je dois t'avouer que moi aussi, j'avais oubliée cette fête et puis bon c'est que du commercial hein !

Ahalala cette fameuse phrase que toutes les personnes ronchonnes sortaient à tout bout de champs pour toutes les fêtes comme excuse ...