Nadya attendait avec impatience les deux personnes les plus importantes de sa vie. Plongeait dans la lecture de son menu, les mains moites d'anxiété elle guettait discrètement la porte d'entrée du petit restaurant. Ses yeux légèrement poudrés, elle savait pour sûre qu'Hayato serait le dernier à arriver. Il était sur une affaire importante aujourd'hui. A côté d'elle, les jumelles piaillaient, occupées à dévorer leur dessert en l'attente de leur père. Nadya se mordit la lèvre. Elle avait encore un peu de mal à se faire écouter des petites, trop peu autoritaire et surtout inexpérimentée en la matière. Vivre avec Hayato sans être un calvaire, loin de là, n'était pas non plus facile. Elle avait du s'habituer aux habitudes de la petite famille et à dormir dans le lit d'un inconnu qu'elle ne détestait pas, mais n'appréciait pas non plus suffisamment pour en passer directement à ce genre d'intimités. De son côté Hayato était doux, mais réservé et elle craignait sincèrement qu'il ne regretta d'avoir fait le choix de l'épouser, bien que rien dans son attitude ne laissa transparaître pareille supposition. Les mains serrées sur la hanse de sa tasse de café, elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir et grincer, puis la clochette teintée pour signaler l'arrivée d'un nouveau client. Elle entrevit un jupon noir, mais encore une fois ce n'était pas sa coloré et adorable Harmel. Cette dernière comme à son habitude se faisait désirer et elle n'en pouvait plus tant elle avait hâte de la voir. Elle appréhendait aussi de devoir présenter Hayato à Harmel, craignant que celle-ci ne l'attaque de son mordant habituel. C'est qu'elle avait la dent dure Harmel, elle ne mâchait pas ses mots. D'un autre côté, elle savait pertinemment que sa sœur ne chercherait jamais à lui faire le moindre mal, elles tenaient trop à l'une et à l'autre pour ça.

-Alors Harmel, quand-vas-tu arriver ?

Une fourchette enfoncée dans son bagel au saumon, elle croqua sans appétit dans un morceau suivi du regard par Yulia. Des deux, Yulia était celle qui avait le plus de mal à l'accepter. Si Juri était heureuse de retrouver une présence féminine et maternel en Nadya, Yulia ne l'aimait pas du tout. Quoi de plus normal, puisqu'elle était après tout, désormais à la place de leur défunte mère. Pourtant elle ne tenait absolument pas à voler l'ancien rôle de la morte, mais faire comprendre cela à une enfant de cinq ans n'était pas simple, encore plus qu'en celle-ci se révélait extrêmement possessive et fermée à toutes ses tentatives. La porte du café s'ouvrit une nouvelle fois et Nadya eut enfin le plaisir d'entrevoir la silhouette de sa sœur huppée et parfaite dans sa tenue du jour. Une vraie dame de fer en habit de velours. Elle lui fit immédiatement signe sous le regard anxieux des petites.