Un regard dirigé sur la carte puis vers les alentours -qui se résumaient malheureusement aux dos des personnes de la foule, de part sa petite taille- qui la laissait pantoise. Le brouahaha et les cris étouffants du Marché ne l’aidait guère dans sa réflexion, il lui fallut bien quelques temps pour se rendre compte d’un fait évident : elle était perdue.
Alors qu’elle avait voulu seulement profiter d’un temps vide de son emploi du temps, seulement accompagnée de sa fidèle carte à moitié déchirée pour profiter de la ville inconnue, elle s’était retrouvée perdue, là, dans sa solitude. Un immense désarroi l’envahit aussitôt, comment allait-elle faire ? Et si une personne malintentionnée profitait de sa vulnérabilité juvénile ?
Cet univers qui pourrait paraître banal ou seulement bondé pour une personne normale demeurait terrifiante aux yeux de la petite chose qu’était Constance. Les larmes qui lui montaient déjà aux prunelles étaient mauvais signe et annonçaient sans doute une sacrée crise de sanglots. Seul les rayons réconfortants du soleil matinal émanant du ciel bleuté lui permettaient de garder un calme à peu près stable.
Il fallait maintenant qu’elle réussisse à adresser la parole à une personne pour réclamer une aide tant désirée. Les silhouettes défilaient à une vitesse folle devant sa bouille déboussolée, et seulement après un certain temps elle osa lever une mimine pour attraper fermement un textile lambda. Ce qui fit la rencontre avec sa main l’étonna : un tissu onéreux au toucher des plus soyeux qui la surprit d’une délicieuse manière. L’adolescente s’autorisa un regard sur sa propre tenue : elle portait son uniforme qui désignait son appartenance à l’Académie. Ses cheveux demeuraient à moitié relevé en couette par un adorable noeud rose bonbon et ses poignets recouverts par des bracelets tous différents, en plastique de couleurs pimpantes. C’est dans le cliquetis de ceux-ci que sa main gauche s’aventura pour interpeller la sensuelle démone.
L’entourage de Constance a toujours dit qu’elle n’avait jamais eu le dons de choisir les bonnes personnes pour entamer un contact. Est-ce que cette fois-ci, la jeune fille était à nouveau tombée sur un individu malveillante ?
Elle releva alors un regard chocolat à l’innocence préservée embué de larme. La voix parcourue de tremblements craintifs à la vue du magnifique visage bien que brouillé par l’émotion, Constance demanda tout doucement et en mâchant ses mots :
-Madem...elestce...pouriez...er..?
Ses mots demeuraient incompréhensibles, couverts par le bruit ambiant. Elle pinça ses lèvres dans une moue sceptique et effrayée, attendant la réponse de la créature.

Aujourd'hui c'était plutôt cool. En effet ni cours ni traque, je pouvais enfin me trouver un peu de temps rien que pour moi. J'allais pouvoir enfin retourner dans mon monde adoré à Momo, j'avais un jour de repos et j'avais l'autorisation de quitter le monde des humains alors j'étais super contente. En ce moment j'étais pas mal prise entre les rendez vous avec les hommes, les traques incessantes de yaseis et les cours ennuyants de l'Académie. Avec tout ça, cela faisait presque trois semaines que je n'avais pas fais les magasins seule ou en compagnie d'Ino. Les nouveautés m'étaient donc passés sous le nez et je devais avouer que cela m'énervait légèrement.
Heureusement qu'aujourd'hui j'avais beaucoup de temps, préférant me rendre dans le monde démoniaque car au moins là bas je pouvais utiliser mon don plus simplement afin d'avoir des réductions sur mes achats hihi ...

M'habillant en vitesse, j'avais tout de même décider de vêtir mon Kimonon traditionnel rouge et blanc. Il était très soyeux, doux comme de la laine de mouton et très pratique pour faciliter mes déplacements fins et rapides. Me parfumant comme à mon habitude, j'enfilais des ballerines pour marcher le plus longtemps possible sans avoir mal aux pieds. Je n'avais prévenue personne exceptée ma petite soeur pour qu'elle s'occupe du reste de la grande fratrie Inukaï. Oui on devait être plus d'une dizaine et c'était pas évident lorsque mère n'était pas là quant à mon père à part leurs entraînements il ne prêtait guère attention à eux préférant se concentrer sur ma carrière de chef de clan. Oui c'était très compliquée la vie de famille ... surtout chez les démons aussi pointilleux que les Inukaïs.

Fin prête, je venais de passer le portail avec succès. Vous savez ces fameux portails transdimensionnel qui permettent de voyager entre les deux mondes. Pour quelqu'un qui n'est pas habitué ce genre de transport renverserait les tripes de n'importe qui même du tas de muscle leplus imposant des deux mondes ! Cette sensation est si terrible que certains attendent dès semaines avant de le reprendre de nouveau pour retourner dans leur terre d'origines. Personnellement j'y suis habituée avec tous les voyages que j'effectue de plus je prends également des pilules efficaces étant donnée que je suis de l'armée le but de ces transports est également d'arriver aux batailles le plus rapidement possible alors si j'arrive devant des yaseis avec un mal de ventre pas possible, ça va pas le faire.

Maintenant direction centre commercial pour enfin acheter de nouveaux habits. Rien qu'à l'idée d'y penser, je salivais déjà ! Malheureusement pour m'y rendre le plus rapidement je devais passer dans un marché assez rudimentaire mais très étroit avec beaucoup de monde. En soit j'aimais beaucoup les places comme ça mais il est vrai que lorsque j'avais des achats de mode et de vêtements à faire je préférais débourser mon argent dans des magasins de luxes où le monde ne se foulait pas à cause du prix conséquent. Généralement j'y allais avec Ino mais elle avait cour aujourd'hui alors j'avais pris la décision de m'y rendre toute seule. Bousculant les personnes devant moi j'allais enfin sortir de cette maudite rue tout juste lorsqu'on me tirait le bras pour me parler.

- Madem...elestce...pouriez...er..?

Hein ?! La gamine qui me parlait avait vraiment l'air perdue et ne semblait pas savoir où elle était. De plus ses jérémiades la rendait encore plus étrange. Cependant un détail venait de me choquer, la petite avait l'uniforme de l'Académie et une carte ! Oh mon dieu elle venait du monde des humains et elle était complètement perdue, heureusement que personne ne l'a vu sinon elle se serait faite kidnappée. Mon dieu que les humains étaient insupportables, pourquoi n'étaient-ils pas un minimum intelligents hein pourquoi ?! Heureusement que j'étais de bonne humeur aujourd'hui alors je décidais de l'aider tout simplement pour ne pas avoir d'ennui et de problèmes.

Rapidement je l'attira vers moi pour l'emmener plus loin où l'endroit était plus calme et surtout un endroit où il y avait quelques personnes. Sur le chemin j'avais attrapée un morceau de tissu en guise de cape.

- Vite enfile ça par dessus ton uniforme ! Et surtout pas un mot sur tes origines ou sinon tu vas te faire découper en cinq ! luis chuchotais-je à l'oreille en lui tendant le tissu discrètement puis je continuais à lui parler pour la rassurer Mais comment tu es arrivée ici ? Personne n'est avec toi ? Mon dieu cette académie va me rendre folle ! Au juste c'est quoi ton prénom ? Moi c'est Lyna.

En faite je ne savais pas si j'avais réussis à la rassurer avec toutes ses questions aussi étranges les unes que les autres pour quelqu'un qui ne s'y connaissait en rien à ces histoires de dimensions ... à vrais dire il y avait tellement d'endroits à visiter entre Momo et la terre !

Attrapée bien rapidement par la démone qui apparaissait à la fois avec un air désespéré qu’alerté, Constance se laissa guider à travers la foule. Les deux femmes s’arrêtaient finalement dans un lieu plus désert, la jeune fille reprit son souffle en papillonnant des cils pour chasser une nouvelle fois les larmes qui menaçaient d’arriver.

-Vite enfile ça par dessus ton uniforme ! Et surtout pas un mot sur tes origines ou sinon tu vas te faire découper en cinq ! Mais comment tu es arrivée ici ? Personne n'est avec toi ? Mon dieu cette académie va me rendre folle ! Au juste c'est quoi ton prénom ? Moi c'est Lyna.

Quand sa sauveuse lui donna l’étoffe tout en s’abaissant brièvement pour lui murmurer les mots qui suivent, l’adolescente se remettait de ses émotions peu à peu tout en conservant un visage décomposé.
Cependant aussitôt dit aussitôt fait, la minuscule étudiante enfila sur ses épaules maladroitement le tissu sombre pour masquer son uniforme. Les émotions qui traversaient son visage étaient changeantes : de la reconnaissance à la méfiance, pour enfin finir sur du soulagement apporté par le ton employé par la dénommée Lyna. Elle avait l’impression d’être une enfant perdue et apercevait très bien l’effort que la démone avait fait pour paraître douce. Ses paroles -surtout la remarque subjective sur l’Académie- lui arracha un sourire rassuré, et elle apposa une délicate main sur sa propre poitrine. Elle n’eût d’ailleurs pas le choix d’envier celle d’une taille respectable de son interlocutrice même si le moment n’était pas forcément propice à ce genre de pensée. Elle se permit d’ailleurs de zieuter Lyna dans un silence pesant avant de recommencer à constater : qu’elle était belle ! Son vêtement traditionnel la mettait très justement en valeur et la gamine aurait aimé avoir la richesse pour acheter de telles tenues vestimentaires. Constance n’a jamais été très douée pour cacher ses sentiments, et elle imaginait très bien qu’une étrange pointe de désir devait montrer le bout de son nez sur sa frimousse. Chose étrange, pour une adolescente aux allures juvéniles.
Un clignement des yeux pour chasser ses pensées peu chastes -à son goût du moins- et finalement émettre une réponse, bien plus claire que la phrase exprimée dans la foule.

-Je euh… je me suis baladée puis je me suis perdue. J'ai pas vraiment encore d’amis du coup bah… je suis venue seule. Je m’appelle Constance ! Et euh… Je suis désolée de vous déranger aussi. Est-ce que vous pourriez... M'indiquer le chemin pour retourner à l'Académie ?

Sa phrase était couplée d’une étrange franchise à de l'hésitation de temps à autre. Les excuses furent accompagnées de deux mains jointes et tendues vers l’avant, dans une pose de respect.
La gamine ne semblait pas pour autant effrayée malgré sa position délicate, Lyna, malgré sa prestance demeurait une personne visiblement de confiance.

De toute façon chaque fois qu'un évènement hors du commun se passait à Momo, il fallait bien sûr que ça me concerne toujours. Mon dieu, j'étais dans une galère pas possible ! La gamine en face de moi se remettait à pleurnicher et ce pour un rien. Je ne comprenais pas son état d'âme, à sa place j'aurais été terriblement méfiante et plutôt distante au lieu de m'approcher de n'importe qui ... après tout on est jamais à l'abri d'un psychopathe serial killer qui aime beaucoup les jeunes humaines en uniforme scolaire qui se balade dans un marché. Même si Momo était de plus en plus sécurisé, les trafics et les crimes étaient plutôt courants. Bien sûr ils étaient fortement punis mais les actes illégaux mêlant humains et démons étaient terriblement néfaste pour cette paix que les deux peuples tentent de garder depuis plusieurs années pour la prospérité des deux mondes.

Fort heureusement, elle ne me posa pas plusieurs questions quant à l'origine de ce vêtement et à son utilité. Mieux elle en savait mieux c'était pour moi, je ne pouvais pas prendre le risque de lui dire qu'elle pouvait être enlevée, torturée, violée ou même tuée n'importe quand, par n'importe qui et n'importe où. Les démons pervers étaient véritablement horribles; ils n'avaient aucun gêne et s'autorisaient des gestes déplacés surtout à l'égard des jeunes fillettes. Fort heureusement mon appartenance au clan Inukaï en avait repoussée plus d'uns, ils auraient certainement été réduis en miette par mon père ou par mes propres moyens. Même si j'étais la fille d'un tyran, mon géniteur n'acceptait nullement que l'on touche à sa famille et ne croyez pas qu'il s'agit d'amour mais simplement en guise d'honneur et de dignité. Malgré mon immense rencoeur envers elle, nombreuses fois je fus sauvée par ses actes visant à garder notre clan noble et courageux. Mon père est vraiment quelqu'un de spéciale ... même maintenant je ne sais toujours pas le cerner et cela me hante depuis quelques temps.

Quelques instants je remarquais que son regard se dirigeait non pas vers mon visage mais un peu plus bas pour contempler ma poitrine. Ahalala, ce n'est pas que j'avais l'habitude mais si même les filles s'y mettaient je ne suis plus sorti de l'auberge ! C'était peut être plaisant de se sentir regardée par tous mais quelques fois je dois avouer que j'étais plutôt gênée ... ce n'était pas de la honte ou autre mais simplement le fait que j'existe aussi pour autre chose que la taille de mes seins !
Soupirant pour tenter de ramener la petite ,qui avait un moment d'absence, dans le présent je m'avançais pour sortir de nouveau de cette ruelle et cette fois si en compagnie de la petite humaine.

Retourner à l'académie ? Pourquoi pas mais cela signifierait reprendre le portail ?! Galère, galère, galre !!! D'ailleurs je me demandais comment était t'elle arrivée dans le monde des démons ? Enfin elle a du prendre un portail mais vu son âge et son état d'esprit elle ne m'avait pas l'air chamboulée par un voyage entre deux mondes. Moi la premières fois que j'en avais traversée un, j'étais restée au lit tous le reste de la journée pour me reposer de cet horrible voyage. Je lui demanderai plus tard pour ne pas l'inquiéter davantage qu'elle ne l'était déjà. Lyna continuant d'avancer ne se tourna pas vers elle pour lui répondre, préférant être le plus discret possible

- On va marcher encore jusqu'à atteindre la ville centre et on ira dans ton trou paumée qui te sers d'école